Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/09/2011

exposition photo de Hervé de WILLIENCOURT à voir jusqu'au 25 septembre 2011 : Tirailleurs africains et maghrébins, un devoir de mémoire"!!!


Entre mémoire et témoignage, archive et création, et sans réelle ambition historique, « Tirailleurs, un devoir de mémoire » souhaite avant tout donner à voir la part importante – et occultée (1) - prise par les Tiémoko Samandé Malien.jpgsoldats africains et maghrébins pour la défense d’une France libre pendant la deuxième guerre mondiale. Ce travail se veut d’abord une rencontre avec des hommes qui sont donc porteurs d’une double histoire, la leur bien sûr,  mais aussi  la nôtre.

Quelques repères historiques…
Environ 150.000 Africains de l’Ouest servent dans l’armée française au moment de la débâcle, dont environ 70 000 dans la zone des combats. Fin juin 1940, près de 30 000 d’entre eux sont morts (plusieurs centaines sont exécutés), blessés ou prisonniers. Jusqu’en 43, certains participent à la défense des possessions coloniales avec le maréchal Pétain et contre les alliés.

Les régiments de Tirailleurs furent sur presque tous les fronts, et souvent leurs combats furent de véritables épopées : Bir Hakeim (juin 42), campagne d'Italie (près de 50000 Maghrébins participent à la campagne d'Italie), débarquement en Provence, libération de Toulon et de Marseille en août 44, puis l'Opération Indépendance, dont l'objectif était la prise de Belfort (novembre 41) et qui marqua la fin des combats pour presque tous les Tirailleurs Au premier novembre 1944, 233000 Maghrébins sont sous les drapeaux?

Favoriser la rencontre : photographie et entretien
La plupart de ces rencontres (3) avec les Tirailleurs a donné lieu à des entretiens autour de trois moments-clés de leur parcours : le recrutement, la guerre, le retour... Les témoignages recueillis Zo Tiendan-Tioule Gogbeu 17ème R de T_S.jpgpèchent parfois par une chronologie inexacte et une connaissance sommaire de la géographie mais ils sont particulièrement révélateurs de l’existence d’une mémoire collective qui livre des précisions là où on ne s’y attend pas… C’est ainsi qu’au travers de témoignages chaque fois singuliers et uniques se dessine une mémoire collective qui met à jour l’étrange destin de ces hommes bouleversés par une Histoire qui n’était pas a priori la leur. Et qui les a longtemps oubliés.

Non-reconnaissance et cristallisation des pensions
Menés entre 1999 et 2004, les entretiens témoignent d’un fort sentiment de non-reconnaissance : les Tirailleurs ne comprennent pas que celle qui fut dans leur jeunesse leur « mère patrie » semble les avoir oubliés. Témoin pour eux de cet « oubli », la cristallisation des pensions. Lors de l’accession à l’indépendance des pays de l’AOF/AEF (4) dans les années 60, l’Etat français, notamment pour des raisons financières, a cristallisé les pensions et les retraites de leurs ressortissants. Les disparités de ces pensions ont été aggravées par des majorations et des dérogations accordées par décret à certains états (5).

A mesure que le temps est passé, Bir Hakeim, Elbe, la Provence ne sont plus devenus que des lieux étranges et inconnus pour les jeunes générations « ici et là bas » et beaucoup de vieux Tirailleurs sont partagés entre amertume et espoir : « Aujourd’hui, nous sommes très fatigués. Les Africains qui sont morts là bas, c’est trop. Maintenant nous pensons que le bonheur que l’on a fait, les Français ne le connaissent peut-être pas. On a pensé tout ça. C’est ça qui nous fait mal. Et puis toi tu es venu, tu as pris nos paroles et tu vas partir »(6).


(1) Le sociologue Claude-Valentin Marie parle à ce propos d’ « (…) une amnésie collective dont la fonction majeure semble être de sauvegarder le mythe d’une vigueur nationale faisant face seule à toutes les épreuves. (…)Tout se passe comme si la participation étrangère dans la Libération de la France devait être d’autant plus occultée, refoulée, qu’elle rend plus criante l’indécision de la grande majorité des Français face à l’occupation, et plus inacceptable encore la trahison de ceux qui ont choisi la collaboration ».
(2) Benjamin Stora, TDC 692
(3) Ce travail est le fruit de cent cinquante rencontres avec des Tirailleurs (Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Tchad, Cameroun, Bénin, Maroc et Tunisie).
(4) Afrique Occidentale Française / Afrique Equatoriale Française
(5) Les pensions des anciens combattants africains sont revalorisées en avril 2004. En août 2004 le débarquement de Provence fait l’objet d’une grande commémoration en présence d’anciens combattants africains.
(6)Kone Soma, entretien réalisé en Côte d’Ivoire (février 1999).

Cette exposition bénéficie du soutien du FASILD-Bretagne

Autres travaux photographiques :

- les Roms (Croatie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Fédération de Russie, république Tchèque, république Slovaque, Grèce, Hongrie, Turquie, Pologne, Bulgarie, Lituanie / 1997)
- les réfugiés sahraouis (Algérie / 2000)
- les réfugiés palestiniens (Liban / 2001)
- les acteurs des mouvements sociaux dans six pays d'Amérique du sud (plan Condor). Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay, Bolivie, Chili (2001 – 2002)
- les réfugiés tchétchènes (UE / 2008)
- les faucheurs volontaires d'OGM (France / 2007 – 2008)

Les commentaires sont fermés.